Témoignage : Regard de Sandrine sur sa mission au Bénin


  • Mission Bénin

Publié par Isabelle le 9 août 2024

De retour en France depuis quelques jours, Sandrine nous livre son ressenti sur l’aventure humaine “extraordinaire” qu’elle vient de vivre.

Jeudi 18 juillet 2024, je ne sais pas où je vais, en tous cas je ne sais pas à quoi m’attendre, mais ça y est, c’est le grand jour, c’est le départ !

L’arrivée à Cotonou de nuit limite les effets du changement. C’est le lendemain, durant les 7h de bus que je réalise que je suis arrivée dans un autre monde. Tout au long du trajet, c’est le spectacle de la pauvreté. Du haut du bus, je ne vois que la terre poussiéreuse au sol, les habitations faites de bric et de broc, l’insalubrité. Une pause au milieu d’un grand marché, les vendeuses s’agglutinent autour du bus, crient dans leur langue pour qu’on achète. Je n’ai pas les codes, j’ai peur, je ne descends pas du bus.

Et puis enfin : Parakou ! Début d’immersion dans cet autre monde. A notre arrivée, Ismaël nous accueille chaleureusement. Il nous emmène à notre hôtel. Après plus de 36h de voyage, c’est repos !

Le début de l’aventure humaine commence vraiment le lundi. Guidées par Ismaël, nous visitons la carrière et le marché, nous faisons connaissance avec les instituteurs, nous écoutons les explications. La France est déjà loin derrière moi, je prends les informations sans jugement, je m’adapte, j’ai envie d’aider, j’ai envie d’être utile.

Les instituteurs veulent qu’on leur apprenne des jeux surtout. Ce sera le facteur, la ronde « dansons la Capucine », la course de relais, des jeux de société éducatifs maths/français, le Uno, ….

Parfois, je reprenais ma casquette de maîtresse. En observant un cours, il me venait une idée pour rendre l’apprentissage plus ludique et plus amusant: apprendre la chanson de l’alphabet, dessiner des pommes dans un pommier pour apprendre à faire de petits cercles ; car quand on chante, quand on joue, on apprend sans s’en rendre compte !

J’ai passé du temps avec chacun des adultes : pour écrire les lettres aux parrains, pour les apprentissages, pour l’organisation quotidienne. A force de se connaître, un lien s’est créé. Nous avons ri et pleuré ensemble, car la charge émotionnelle est énorme ! Mais le plus fort pour moi a été de les entendre me dire que j’allais leur manquer, que je partais trop tôt, que j’aurais dû rester au moins un mois. Ah ! Mais si j’avais su que j’allais rencontrer des personnes aussi formidables !!! Pourtant, je n’ai pas l’impression d’avoir donné tant que ça. En revanche, j’ai reçu au centuple !

Et les enfants !? Les enfants sont nombreux, très nombreux. D’un jour à l’autre, j’ai du mal à les reconnaitre, certains ne reviennent pas alors que de nouvelles têtes sont là. Ils sont en recherche d’attention, de soins et d’éducation. On leur donne tout ce qu’on peut : jouer, chanter, lire, écrire, compter. Ils ont besoin de toucher nos bras, nos mains, nos cheveux qu’ils trouvent « jolis ». A la carrière, ils sont timides, ils nous parlent peu, pourtant ils vont jusqu’à se battre pour nous tenir la main ! Au marché, les jeunes filles sont davantage bavardes, elles nous questionnent et nous coiffent. Si nous avons du mal à les reconnaitre, eux, nous reconnaissent de loin ! Bien sûr, deux Batouré qui arrivent à pied dans la carrière, ça ne peut être que nous ! Et ils courent vers nous en riant, et nous sautent dans les bras ! Le soir, c’est parfois en pleurant qu’ils courent après le ZEM. On passe du rire aux larmes, mes émotions font le grand écart, c’est parfois difficile à contenir.

Dans les rues, les enfants nous courent après en riant « Batouré ! Batouré ! ». On se retourne, ils nous serrent les mains et nous caressent les bras. Je croyais qu’ils nous disaient bonjour, mais ils criaient « les Blanches ! les Blanches !» C’est comme ça que je suis devenue Sandrine la Batouré !  Les adultes nous saluent, certains sont curieux, veulent savoir ce que nous faisons là. Certains veulent qu’on se marie pour les emmener en France. Au bout d’un moment je leur disais : « Ne crois pas ça, tu serais malheureux en France ». Ils ne m’ont sûrement pas cru mais en France nous avons perdu ce qui est pour eux les valeurs premières. Elles se résument très bien par cette phrase que m’a dite le père Yaceinth et que j’aime à répéter : « nous regardons avec le cœur ». Et c’est vrai, à chaque instant !  Simples, sincères, VRAIS, voilà ce que sont les Béninois.

Parfois, le cœur nous serre, nous voudrions aider tout le monde. Il y a tellement à faire, il y a tellement de besoins. Step by step, grâce à Espoirs d’Enfants, on avance. Après cette première immersion, j’ai compris la réalité du terrain, les premiers besoins : un vêtement propre, un peu d’argent pour manger, des moyens pour les instituteurs qui enseignent avec trois fois rien dans des conditions parfois très difficiles (chaleur et odeur), ….

            Dimanche 4 août 2024, retour en France avec ce constat : je ne savais pas où j’allais, je ne savais pas à quoi m’attendre, mais maintenant JE SAIS. Tous mes mots ne seraient jamais suffisants pour expliquer. Il faut le vivre, c’est tout. C’est une aventure humaine extraordinaire où j’ai rencontré des gens extraordinaires. Et si j’avais pu le savoir, bien sûr que je serai restée plus longtemps. Je n’aurai pas d’autre choix que d’y retourner pour retrouver ma famille de cœur. D’ailleurs, ils m’ont adoptée : Batouré Sandrine !!!

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