Publié par admin le 31 juillet 2014
Les difficultés économiques de ces dernières années ont eu pour conséquence l’émergence de l’utilisation de la main d’oeuvre infantile systématique.
Au départ, le terme “vidomégon” (du Fongbe, une des nombreuses langues du Bénin), qui signifie littéralement “enfant placé auprès de quelqu’un”, représentait une chance d’évolution sociale.
L’enfant était placé dans une famille plus aisée et était considéré comme un enfant de cette famille, il pouvait bénéficier d’un enseignement, d’une scolarité ou encore d’un apprentissage artisanal comme les autres enfants. En contrepartie, il participait aux différentes tâches domestiques.
Placer un enfant dans une famille d’accueil rentrait dans une pratique culturelle ancienne conforme aux principes de la solidarité familiale, communautaire ou clanique.
Avec la colonisation et le développement de pôles urbains, les parents ont commencé à chercher à envoyer leurs enfants auprès de personnes de leur famille dans ces villes. Le placement permet en effet à un enfant de poursuivre ses études ou un apprentissage. Ces enfants, venant surtout de zone rurale, voyaient s’ouvrir à eux un avenir meilleur avec une scolarité assurée et une perspective de développement à caractère social.
“À présent, la réalité est tout autre, explique le Père Simplice, les années 80 et 90 ont vu le niveau de vie des béninois diminuer. En ville un seul salaire ne suffit plus à entretenir une famille. Une grande majorité des familles se paupérise et envoyer les enfants à l’école coûte cher. Les familles restent toutefois autant sollicitées par leurs familiers ruraux.
À la campagne la situation devient de plus en plus difficile, certaines décisions politiques malheureuses, une meilleure hygiène de vie et un taux de mortalité enfantine en baisse font que les paysans doivent supporter des familles plus importantes qu’autrefois sans que leurs revenus ne se soient améliorés. Les familles rurales choisissent d’envoyer leurs enfants en ville, non plus prioritairement pour le bien-être de l’enfant, mais plus pour une diminution de leurs charges. Les familles d’accueil n’ont plus les moyens pour bien s’occuper des enfants et préfèrent les envoyer travailler, comme vendeurs ambulants, maçons, mécaniciens, prostituées etc. afin que ces enfants ramènent de l’argent”.
La tradition a été détournée de son sens initial et prend, dans la majeure partie des cas, des directions déviantes allant vers une nouvelle forme d’exploitation du travail des enfants. On parlera même d’esclavagisme, comme cela se pratique sur le marché de Cotonou où nous agissons actuellement.