Publié par admin le 21 décembre 2015
Bien qu’étant l’un des plus solides modèles démocratiques en Afrique de l’Ouest, le Bénin a encore un très long chemin à parcourir en matière de protection des droits de l’enfant. Ce pays doit notamment réaliser de grands progrès en matière de droit à la vie, à la santé, à l’éducation, à l’identité…
Les difficultés économiques de ces dernières années ont eu pour conséquence l’émergence de l’utilisation de la main d’œuvre infantile systématique.
Au Bénin, plus de 45 % des enfants sont malheureusement obligés de travailler. Il arrive que les enfants des milieux ruraux soient confiés à de la famille éloignée habitant en ville et promettant une bonne éducation et notamment l’accès à la scolarité. Malheureusement, bon nombre de ces enfants sont ensuite exploités et contraints à travailler dans des conditions dramatiques. Certains d’entre eux deviennent aussi les tristes victimes d’abus de toutes sortes.
Un véritable trafic d’enfants organisé
Au départ, le terme « vidomégon » (du Fongbe, une des nombreuses langues du Bénin, qui signifie littéralement « enfant placé auprès de quelqu’un »), représentait une chance d’évolution sociale.
L’enfant était placé dans une famille plus aisée et était considéré comme un enfant de cette famille, il pouvait bénéficier d’un enseignement, d’une scolarité ou encore d’un apprentissage artisanal comme les autres enfants. En contrepartie, il participait aux différentes tâches domestiques.
Placer un enfant dans une famille d’accueil rentrait dans une pratique culturelle ancienne conforme aux principes de la solidarité familiale, communautaire ou clanique.
Avec la colonisation et le développement de pôles urbains, les parents ont commencé à chercher à envoyer leurs enfants auprès de personnes de leur famille dans ces villes. Le placement permet en effet à un enfant de poursuivre ses études ou un apprentissage. Ces enfants, venant surtout de zone rurale, voyaient s’ouvrir à eux un avenir meilleur avec une scolarité assurée et une perspective de développement à caractère social.
Cette pratique du travail domestique a aujourd’hui évolué en une traite moderne des enfants avec un recrutement qui s’est organisé, alors que trafiquants et agents écument les zones rurales du centre et Nord Bénin, en faisant des offres aux parents.
Les promesses faites par les trafiquants, d’une éducation formelle ou d’une formation professionnelle, d’un apprentissage ou d’un emploi dans une maison sont quelques unes des raisons qui expliquent pourquoi les parents laissent partir leurs enfants; des familles qui pratiquent une agriculture de subsistance et n’ont pas les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école.
La traite des enfants commence typiquement par un arrangement passé en privé entre un » ami » , un inconnu (trafiquant) et un membre de la famille. L’accord s’appuie sur les difficultés financières de la famille et le désir du trafiquant de faire un profit et d’accéder à une main d’oeuvre bon marché. Quelqu’un arrive et dit qu’il a un travail comme domestique ou sur les marchés pour les enfants et les parents le croient. Mais la personne le réduit à l’état de servitude ou donne l’enfant à quelqu’un d’autre.
La majorité de ces enfants travaillent majoritairement dans des familles qui n’ont aucun lien avec la leur et qui sont considérablement éloignées de leur domicile. Des enfants qui se retrouvent très souvent confrontés à des sévices sexuels…
La pauvreté est la cause majeure et omniprésente de la traite des enfants, dans des familles qui pour 82 % d’entre elles ont plus de 5 enfants.
Plus de 90 % de ces enfants ne sont pas alphabétisés.
Depuis un an, l’association Espoirs d’Enfants oeuvre avec ses partenaires pour la cause de ces enfants du marché de Cotonou en mettant en place un vaste programme d’actions pour essayer de faire “bouger les lignes” et leur venir en aide.