A la loupe : l’exploitation présentée par un professionnel de l’élevage


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Publié par admin le 8 juillet 2013

Comme nous vous l’annoncions dans un précédent article, les premiers poussins sont arrivés fin juillet.
Nous avons demandé à Jean-Michel Boyé (conseiller technique en élevage qui a mis en place et assure avec Paul Agblo le suivi de l’élevage) de nous relater les différentes étapes de la mise en place de l’exploitation avicole à Ouidah.

 Jean-Michel, quelle a été la première étape du projet ?

En premier lieu, nous avons écouté, analysé et étudié afin de faire un choix de production qui corresponde aux besoins du marché, de l’orphelinat et qui soit en phase avec leurs compétences techniques. Par exemple, concernant les  bâtiments, nous avons tenu compte des contraintes climatiques, de l’absence d’électricité sur place et de service d’eau. Nous avons donc choisi un type de bâtiment statique très ouvert sur les 4 faces avec un grillage qui va de 60 cm du sol jusqu’au plafond et un toit qui dépasse sur les côtés de 1,20 m pour empêcher le soleil et la pluie d’entrer dans le bâtiment.

 Pourquoi avoir choisi la poule pondeuse ?

Le choix s’est fait sur les poules pondeuses car la demande est importante avec une vente qui peut se faire en direct sur les marchés et dans la rue. Cette production offre  une bonne rentabilité qui permettra de couvrir les besoins financiers de l’orphelinat. Concernant la souche, il s’agit de la Hy Line à œufs roux. On verra par la suite si l’on maintient ce choix.

 Comment est conçu le projet ?

Une  poussinière alimente les 3 bâtiments de ponte sur le même terrain. Cela peut paraitre compliqué du point de vue sanitaire mais nous n’avions qu’un seul terrain sur lequel il a fallu apporter la viabilisation, l’eau et l’électricité. De plus, il faut savoir qu’au Bénin, comme souvent en Afrique, les terrains sont rarement vraiment disponibles et très chers.

 Qui sont les fournisseurs ?

Ce sont des fournisseurs locaux. Contrairement à la France, où il suffit de faire marcher la concurrence, au Bénin il faut tout faire avec les matériaux locaux et tout fabriquer. Seules les pipettes viennent de France et ce fut toute une histoire. Il a fallu négocier, faire des devis (ce qu’ils font rarement) et se mettre d’accord sur tous les détails de construction, car il n’existe pas de bâtiments clefs en main comme en France. Après, sur la place du village,  les artisans recrutent les salariés par rapport aux besoins.

 Pouvez-vous nous relater les différentes étapes de la construction ?

La première étape fut le défrichage et la viabilisation car l’élevage est situé en pleine forêt équatoriale sans accès, si ce n’est en moto. Tout le défrichage s’est fait à la main, au coupe-coupe, car il n’y a pas d’engins ou beaucoup trop cher par rapport à la main-d’œuvre  qui coûte 30 à 40 € par mois. Ce travail a nécessité 3 semaines à 6 personnes. Il  a ensuite fallu faire un chemin pour pouvoir accéder chantier avec des véhicules, puis creuser le puits à 30 m, entièrement à la main. L’étape suivante fut de faire la construction des 4 bâtiments ; elle a duré 4 mois.

 Comment sont conçus les bâtiments ?

Ce sont des bâtiments de 200 m² (20 m x 10 m), très ouverts sur les côtés pour la ventilation, en charpente de bois de teck pour la solidité. Le toit est en tôle et les côtés sont entièrement grillagés.

La pente du toit est de 30 % avec un grand lanterneau pour évacuer l’air chaud.

Ce type de bâtiment fonctionne très bien en Afrique, il est simple et efficace, la journée il y fait très bon et la pluie est évacuée loin des bâtiments. Le sol est en terre battue que l’on pourra changer en surface à la fin du lot. Les pondoirs sont en bois avec un nid pour 4 poules. Les mangeoires sont aussi en bois local et à remplissage manuel. C’est simple et efficace. Il ne faut pas oublier que la main-d’œuvre n’est pas chère, ce qui exclut toute automatisation. Je retrouve en Afrique ce que j’ai connu en France il y a 50 ans dans les débuts de l’aviculture, il est probable que l’agriculture africaine suive rapidement le même chemin car le marché est important, surtout avec un voisin comme le Nigeria et ses 150 millions d’habitants.

 Quels sont les aliments utilisés et d’où proviennent-ils ?

 L’aliment est fait localement avec des premix qui viennent de France et des matières premières locales. Le Bénin produit du maïs, du soja, du blé, et tout ce qui est nécessaire pour faire un bon aliment, sur les consignes de Paul Agblo. La même année au Bénin, sur le même terrain, on peut faire un maïs et un soja, voire parfois 3 récoltes par an.

 Qu’avez-vous prévu sur le terrain non utilisé dans le prolongement des bâtiments ?

Nous y avons créé un potager, actuellement planté de maïs, pour la nourriture des enfants. Les fientes issues de l’élevage serviront d’amendement à ce potager, évitant toute sorte de pollution.

 Qui pilote cette exploitation ?

Cet élevage a été co-élaboré avec Serge, le responsable de l’orphelinat et moi-même. Aujourd’hui, il travaille en concertation avec Paul qui prodigue tous les conseils sanitaires et techniques pour que cet élevage soit exemplaire.  Comme nous l’avons indiqué par ailleurs, Paul Agblo est directeur technique en France d’une très grosse entreprise de production d’œufs de consommation.

Nous avons recruté 3 salariés ayant une bonne formation, qui sont logés sur place pour conduire cet élevage. La formation des salariés est faite dans un très bon centre expérimental et de formation (Songhaï) qui leur permet d’apprendre les bonnes techniques.  

Y aura t-il d’autres arrivages de poussins ?

Oui bien sûr puisque l’exploitation comptera à terme près de 4 000 poules pondeuses. Il est donc prévu plusieurs arrivages de lots de 1300 poussins tous les 4 mois.

Voilà ce que je peux dire aujourd’hui du projet. Dans un autre article à venir, je vous parlerai de  l’élevage et de la ponte.

 

Avant de conclure, je voulais remercier toute l’équipe de l’association Espoirs d’Enfants et les partenaires qui ont permis de réaliser ce beau challenge, en particulier les « Poulets de Janzé » et la CCPA.

 

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